Honte a touché mon doigt
l’enfant du diable cherche un abri sur ma poitrine
son ongle n’a pas la griffe du soldat birman
sur sa peau douce pas de rayure de tigre
pas de tatouage
mais dans sa mémoire instinctive l’incendie brûle
maisons bananiers cocotiers fruits de la terre

Honte a touché ma joue
aussitôt frissonne mon corps sous la pluie tombée drue sur la tôle en rafale
la terre mouillée a une odeur de poudre
la fumée remplit la maison les yeux fermés
je l’approche de ma poitrine sa peau sent la boue d’automne

Honte a tiré doucement mes cheveux
ses yeux dans mes yeux racontent son père violeur
des centaines d’histoires cruelles
depuis Adam jusqu’à Gengis Khan
mongols anglais birmans de toutes religions
soldats gouvernants peuples
histoires du masculin

Honte a touché mon visage
ça dit l’histoire d’une maman sans défense
de pères violeurs de tortures innombrables et impitoyables

Honte a touché mon cou
mon mari bien-aimé dont le tueur, père de l’enfant dont la bouche s’ouvre,
avec un couteau a coupé le cou dans cette nuit impensable
histoire bestiale

Honte a touché le poêle à bois
ça me dit le moment où le père bestial
a jeté au feu l’enfant de mon âme

Honte a posé ses yeux dans mes yeux
dans son regard fixe je vois son père à genoux
avouant ses si nombreux péchés

Honte a touché ma poitrine
soudain dans le feu du tonnerre
je crie sous l’illusion de la main du violeur

Honte a touché mes mamelons de ses lèvres
le nectar passe dans ses yeux fermés en un hoquet
dans ses yeux son visage ondule la lueur de la lune
il sourit aux anges

Honte s’est blottie sur ma poitrine
avec affection je l’ai serrée contre mon sein
dans mon entourage beaucoup de femmes ne sont pas enceintes
et moi je suis coupable déchet de la société
putain veuve maman de la honte
Honte à mes seins dans le jardin du paradis
se balance pétale de la fleur
Honte fille de mon violeur
avec l’enfant de mon ventre
je suis une femme aimante
maman éternelle

* Traduit par Amirul Arham et Marc Verhaverbeke

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